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Shotgun
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24 avril 2006

J'vais mourir si tu me touches pas...

... dit Inés, Iris, machine en moi de prononcer cette phrase. Retomber dans ce bouquin, j'ai bien fait de pas hésiter à racheter le dernier Ann Scott qu'il me manquait, ainsi qu'un Despentes, un Breillat, un Pill, et un Moix pour Anabelle. Me souviens de l'effet fulgurant qu'il avait eu sur moi ce livre. La jalousie de ne pas écrire pareil, l'envie impérieuse de vivre la même chose. Alors je l'ai offert à Justine, comme pour lui passer un message, avec cette phrase qui nous appartenait à l'époque wet dreams. Depuis, on en est toujours au même point. Des allers et retours de plus en plus chaleureux, donnant des pétillements, des rires niais et des sourires béats. Comme passer une heure au téléphone avec elle à parler de ce qu'on préfère en bouffe. Mais pourquoi t'aimes pas la confiture ? Et au p'tit déj' tu manges quoi ? Le simple bonheur. Même les quelques silences ne m'encombrent pas. J'suis sur mon lit, en travers, les jambes en l'air, les pieds en éventail sur le mur, le bras qui part toucher le bois de la bibliothèque, sa voix juvénile dans mon oreille, moignonman sur mon ventre à le triturer, la fenêtre ouverte derrière moi qui m'abreuve un peu de fraîcheur pour contrecarrer la chaleur qui m'empars dès que j'ai sa voix au bout du fil. Puis raccrocher et courir sur l'ordinateur pour se retrouver. Et le silence qui résonne bizarrement (j'ai toujours aimé cette oxymore qui veut tout dire). Ca me bousille les oreilles, il me faut de la musique à fond pour empêcher les interrogations de revenir. Mais rien n'y fait, elles sont déjà là.

Et le ciel est passé du bleu éclatant à un gris plombant, un vent qui annonce la pluie de la nuit prochaine. Et je ressens encore sur moi le soleil qui me chauffait à travers mon petit manteau noir, des notes de basse plein la tête, une haleine de chacal mélangeant la frite, le coca, la clope. Rentrer, se brosser les dents, aérer puis se recoucher tellement la fatigue pointe son nez. Ne même pas arriver à se faire jouir. Se réveiller la main dans le pantalon, le ventre dénudé et les cheveux collés sur les tempes, les yeux explosés. Remettre ça et de nouveau se rendormir, cette fois complètement morte de fatigue, j'suis poupée chiffon entre mes doigts. C'est doux, c'est rassurant, c'est calme. Mais est-ce que j'en serais capable ? Une fois dans son appartement vert est-ce que je pourrais la regarder dans les yeux sans avoir honte qu'elle y décèle un putain de désir qui m'enchaîne déjà à elle. Déjà prête à tout. Depuis tellement longtemps que l'attente va me rendre folle. Elle me rend déjà folle. J'en ai marre d'attendre, j'en suffoque et je ne peux rien retenir. Surtout pas les secondes fugaces et irréelles où le sourire hémisphérique me défigure pour se faire anéantir par le doute, la crainte, la peur de tout ce qui suivra. Est-ce que je serais tout simplement capable d'attendre d'arriver chez elle avant de descendre du train ?

Question... Réponse... Je n'y suis pour personne...

Toujours est-il que je me sens légère. Que la semaine passée s'est envolée en quelques mots de sa part. Que mine de rien, ça me fait plaisir que son mec se méfie de moi. En même temps, comme si moi je me méfiais pas de lui... Putain, en quelle position je suis ? Et son murmure de la dernière fois qui m'a clouée littéralement, tellement que j'ai pas su répondre. Me suis flagellée après, trouvée nulle avec mes larmes d'émotions. Et après je me suis foutue de ma gueule. Mais quelle conne je fais ! J'attends ça depuis des lustres et je laisse passer l'occasion... Comme quoi, on a beau se faire des films, rien ne se passe comme prévu. Bordel, j'suis même pas capable de lui dire au téléphone, alors en face... Oh putain que si, j'en serais capable ! Foi de moi. Je laisserai pas passer ça ou je me déteste.

superstars1

~ Oreille ~ The Dancer ~ PJ Harvey

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