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Shotgun
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9 février 2006

Specimen (espèce humaine) de foire

Déjà une semaine que ce concert d'Oasis est passé, déjà une semaine que j'ai bêtement effacé cette note, et déjà une semaine que je la rumine de nouveau. Cette fois je la copie-colle de partout, histoire que je fasse pas la même bourde une fois de plus.

Je me demandais si vous aussi vous les voyez ces gens qu'on croise dans tous les concerts. Toujours les mêmes huluberlus autour de vous qui parfois vous gâchent un peu de spectacle. alors voilà petite liste non-exhaustive de ces specimens croisés ici et là. Oui parce que le concert j'ai pas envie d'en parler, je garde précieusement pour moi mes réactions, à savoir simplement que j'étais dans une parfaite bulle à me faire piétiner du pieds et bousculer du coude, injurier et photographier.

Il y a toujours cette nana un peu vieille, une bonne cinquantaine, les traits tirés sur un maquillage trop présent et une peau trop bronzée, des cheveux d'un blond pyroxidé partant dans une crinière de lion. Elle est souvent habillée d'un pantalon en cuir ou en léopard, extra moulant, d'une petite veste en cuir aussi ou en daim. Elle est venue seule avec ses cigarettes et pour se la jouer jeune, elle lie causette avec nous autres, devant les grilles, très tôt dans la journée. On lui donne volontiers une clope en échange de quelques souvenirs croustillants de concerts des années 80, et toute fière, elle en rajoute probablement. Elle boit des bières avec les garçons et donne des conseils aux filles pour mettre en valeur leurs yeux sans faire couler leur maquillage avec la sueur sécrétée lors des live. Puis les grilles s'ouvrent et elle court, cheveux blonds aux vents, ses bottes à talons aiguilles ne l'empêchent pas d'arriver la première. Toute fière, elle continue à parler, à raconter, à batifoler son ancienne jeunesse. Et enfin là, c'est l'ouverture des portes de la salle, elle court encore, te bouscule, te hurle dessus si tu lui tires un cheveux sans faire exprès et elle se retrouve au premier rang, collée à la barrière. Les jeunes hallucinent et laissent cette enragée toute seule accaparer d'autres personnes dans ses filets. Et pendant le concert, voilà que ça recommence, elle te marche dessus, te mordrais presque, et crie les paroles en espérant que le chanteur la reconnaisse grâce à sa crinière, puisque oui, elle suit la tournée jusqu'à Pétaouchnok. A la fin, en sueur, en débardeur, sa peau bronzée, flasque sur ses bras, elle achète d'autres bières et file sûrement agresser d'autres pieds pour pouvoir rentrer en backstage.

Dans un autre style d'enragée, il y a la nana qui a environ 25 ans, méga moche et méga grosse, avec un mec tout maigre, dévoué à sa personne et lui donnant des baisers sur le lobe d'oreille. Allez savoir pourquoi mais les moches et grosses, elles ont souvent une grande gueule et elles sont super fières d'arborer leur gringalet qui ne tiendra sûrement pas au premier rang. En fait, ce genre de nana, ce sont les futures blondes de cinquante piges... Elle te fait chier cette conne à côté de toi à te donner des coups de coude genre "c'est même pas moi, je t'avais pas vu" avec des sourires sucrés et des yeux acides de mépris. Elle pue la transpiration et ses cheveux te collent aux épaules et quand tu lui donnes un coup sans faire exprès elle t'insulte. Son mec fait semblant de la protéger, pour avoir sans doute sa gâterie en rentrant, puis comme elle l'insulte aussi et lui dit "je suis une grande fille, je peux me débrouiller toute seule", lui, il a souvent la mauvaise idée de vouloir la calmer. Sa gâterie, il l'aura pas... Elle s'énerve encore plus, devient plus rouge de visage, encore plus moche si c'est possible, elle fusille du regard son cher et tendre et t'insulte encore. Elle se sent vivre, importante, et toi tu décides de te barrer avant de lui foutre une baffe dans la gueule en l'insultant à ton tour, car ça fait du bien.

Alors après, bien sûr, tu te retrouves derrière. Les gens sont plus posés, moins violents, mais y'a pas à dire, tu vois moins bien quand même. Surtout que devant toi y'a ce putain de groupes d'anglais ou parfois d'allemands. Ils se pointent à dix, tous des jeunes qui sont là pour se défoncer, boire et gueuler. Ils te bousculent avec leurs cinq bières dans la main et tu as l'épaule toute collante et ton débardeur trempé. Ca te fait doucement rigoler, puis au bout d'un moment, ça te fait quand même chier. Ils font tourner leur tarpé, les bras en l'air en gueulant un mot sur deux de la chanson que tu essayes vaguement d'apprécier. Allez savoir pourquoi mais ils ont toujours des sweat-shirt trop grand pour leurs corps maigres, rabattant leur capuche sur leur crâne, ils se tiennent par le cou et tu demandes si ils vont pas te faire le coup de la farandole et t'obliger à venir avec eux. Mais non, ils te prennent juste en photo, tu grimaces un sourire crispé et tu lèves le cou pour voir le chanteur derrière leur taille immense. Tu te sens soulagée quand ils s'en vont et tu rumines quand ils reviennent. Et le plus souvent, tu as cette impression paranoïaque qu'ils s'acharnent sur toi : quand tu te décales pour mieux voir, quelques minutes après ils sont de nouveau en train de chanceler devant tes yeux. Tu prends ton mal en patience, tu soupires, tu fais semblant de rien lorsqu'ils te regardent, tu les méprises dans le regard et ils finissent enfin par se barrer lorsqu'un de leur groupe semble trop blanc pour rester une seconde de plus avant de dégueuler.

A tes côtés, dans la fosse, un peu à l'écart des mouvements de foule te donnant la nausée, il y a ce petit couple BCBG. Elle a une petite trentaine et lui une quarantaine. Elle est grande, élancée, brune, pantalon cintré et veste en cuir soulignant de fines hanches, une peau halée, des yeux noisettes, un petit sac Gucci coincé sous son bras. Son autre bras est passé sous celui de son amant, cheveux poivres et sels, rides délicates autour des yeux, il sort du bureau, il a encore la cravate mais a enfilé par dessus sa propre veste en cuir. Elle le regarde, complètement charmée par son charisme mêlant habilement le mafioso et le jeune cadre dynamique. Lui, il regarde devant lui, le port de tête hautain, exhibant sa femme aux yeux des autres mecs envieux. Puis ils te font rire ce petit couple, ils sortent leur pétard et le fument comme si c'était une cigarette, ne le dégustant pas, et le tiennent comme si c'était une flûte de champagne, du bout des doigts avec le requiqui en l'air. Ils sont satisfaits. Un peu défoncés, il la prend dans ses bras en l'embrassant dans le cou, lui léchant l'oreille et elle se laisse aller sur son épaule, les yeux fermés et la bouche entrouverte. Ils se dévergondent en public, et ils te font vraiment rire.

Parlant couple. Il y aussi celui des deux petits jeunots de 17 ans qui sont sortis sans papa-maman. Ils sont pas beaux, ils ressemblent à rien. En jogging et tee-shirt trois fois trop large pour elle, une queue de cheval sans forme rabattue sur son cou, mangé par les baisers de son petit copain. Pour lui, ça sera sac de cours sur les épaules, tout de jean vêtu et une casquette, se cachant sous la visière pour éviter de nous montrer sa face de rat. Ils se bécottent, tout content d'être ensemble, prévoyant déjà de se faire d'autres sorties en couple, juste tous les deux, comme les grandes personnes. Et ils sont là, devant, à se languer dans l'ombre des lumières et tu vois même leurs langues se caresser timidement. Ce soir, il sera plus puceau, et dans vingt ans ils ressembleront à leurs parents et renieront d'aller à des concerts de rock, trouvant cela beaucoup trop underground. Tu te demandes ce qu'ils foutent là les niaiseux, c'est pas leur place, tu les aurais plutôt vus à un concert de Calogero, et encore, toi t'y serais pas allée, alors tu les aurais pas vus...

J'ai beau être dans ma bulle en live, je vois tout de même autour de moi. Mais je me demande si j'ai pas des hallucinations et si c'est pas tout simplement les mêmes à chaque fois. Ils me suivent partout, dans toutes les villes, tous les festivals, tous les concerts. Ah les cons !

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~ Oreille ~ Go let it out ~ Oasis

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Commentaires
N
*se marre*
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